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Gazon, pelouse ou prairie : nos espaces verts doivent s’adapter

Dans un contexte de réchauffement climatique, peut-on encore se satisfaire de planter du gazon dans les espaces verts ? D’autres possibilités s’offrent à nous pour profiter plus et mieux de nos extérieurs.

Ça y est, les vacances sont là, on peut enfin profiter de son extérieur qu’on a entretenu et préparé avec amour tout le reste de l’année. Sauf que bien souvent on se retrouve face à un tapis jauni, sur lequel il est désagréable de marcher pieds nus. Et il devient rapidement pelucheux car le piétinement l’abime tout comme le coup de tondeuse tous les 15 jours. Pas vraiment l’image d’Epinal d’un bel espace vert profond qu’on nous a vendu sur le sac de graines. On est bien loin du gazon anglais.

Et toute la nuance est justement dans cet adjectif : « anglais ». Nos voisins d’outre Manche bénéficient de pluies régulières et de températures qui ne font pas bouillir le mercure. Idéales pour obtenir ce beau tapis émeraude qui fait rêver toute personne bénéficiant d’un bout de terrain.

Changer de pratiques

Mais est-il raisonnable d’envisager un gazon en Méditerranée ? Pas vraiment… Et dans le reste de la France ? Après deux canicules rapprochées, des départements de plus en plus régulièrement en alerte sécheresse, notre pays manque régulièrement d’eau. N’est-il pas le temps de changer de pratique ? Le magazine Terre vivante ne s’y est pas trompé, avec son dernier hors série titré : Gazon ou pelouse ?

Le moindre espace vert des communes est longuement et régulièrement tondu trop ras pour permettre à l’herbe de passer l’été. Quand les plantes gagnent un peu de hauteur, leurs feuilles protègent le sol, gardant ainsi l’humidité de la rosée du matin, évitant le tassement du sol par la pluie et donc la capacité à stocker de l’eau quand il y en a. Perte de temps, d’argent pour un résultat très en deçà de ce que nous espérons. Mais qu’attendons-nous vraiment ? Quel est notre besoin ? Des espaces verts (et pas jaunes) pour donner à notre œil en manque de verdure, la sensation d’une nature proche. Une sensation douce sous le pied lorsque l’on va pique-niquer, jouer au ballon avec les enfants. Un effet rassurant aussi de savoir sur quoi on met le pied…

Espace tondu ras (jauni) et au fond l’espace non tondu (vert)

Une gestion différenciée

Et si, pour répondre à ces attentes, on procédait autrement. Si on semait un mélange de plantes différent, qu’on entretenait d’une autre manière. Déjà quelques communes s’occupent de leurs espaces verts avec une gestion différenciée, un entretien différent en fonction des lieux. Un mélange d’espèces est choisi pour des espaces très piétinés ou même un parking. Mais pour le « gazon » on reste sur des graminées, des « herbes » comme on dit, alors que des pourpiers, pâquerette, trèfles, survivraient bien mieux.

La zone de trèfle au milieu est la seule à avoir supporté la canicule dans ce parc public.(63)

Si les collectivités sont conseillées par les services environnementaux des départements ou des régions (et il est pourtant bien long de voir les résultats), les particuliers, eux, n’ont que peu accès à ces informations. En jardinerie, vous trouverez le mélange spécial gazon, de quoi griffer le gazon, de quoi tasser les graines… pas de changer le gazon en pelouse (avec une variété d’espèces plus importantes). Encore moins en prairie de taille un peu plus haute mais plus verte. d’accepter quelques adventices que nous n’appelons plus mauvaises herbes car elles seront devenues utiles, ou de parterres de plantes grasses peu gourmandes en eau.

La transition c’est maintenant

Tondeuses manuelles à lame haute, faux devraient être réhabilitées, cela modifierait nos pratiques et notre vision des espaces verts, publics comme privés. Tondre de façon plus espacée, moins bas, laisser des espaces sans tonte, d’autre avec une tonte haute tous les 2 mois et finalement ne tondre bas que les passages où l’on circule tous les jours/week-end : c’est ça la gestion différenciée. Et sinon pouquoi ne pas rajouter des graines de trèfles blanc, ou micro trèfle, laisser les paquerettes en fleur pour qu’elles puissent finir leur cycle de reproduction au lieu de leur couper la tête (fleur), ou encore pour les zones sèches du sud, faire des parterres de serpolet (thym) orpin (plantes grasses).

Nous sommes dans une transition entre deux mondes, celui d’avant, que nous connaissons et celui d’après, qui devra survivre au triple défi du changement climatique, de l’extinction d’espèces et pic pétrolier. La transition c’est maintenant… et si elle commençait par votre gazon ?